Temps de lecture : 8 minutes
Une lettre d’opinion, ou lettre ouverte, est un outil de diffusion du message important pour n’importe quelle campagne de pression publique ou de sensibilisation de la population. C’est un texte de nature souvent politique, ou du moins qui naît du désir de faire changer les choses.
Pourquoi une lettre d’opinion?
Sa fonction est celle d’articuler une revendication autour d’un enjeu actuel, afin d’attirer l’attention sur l’importance d’agir. On y cible souvent les décideurs, mais en premier plan les lectrices et les lecteurs, car ce sont les gens qu’on souhaite sensibiliser à notre cause.
C’est un texte qui a pour objectif ultime d’influencer l’opinion d’autrui en se basant sur un argumentaire crédible, bien monté et documenté, qui fait appel au registre émotionnel.
Ces textes peuvent être signés par un·e porte-parole ou plusieurs, et sont souvent accompagnés d’une photo du signataire principal. Lorsque la lettre est appuyée par la signature de différents porte-paroles ou organismes, cela a pour effet de créer un front commun, de lui accorder une plus grande crédibilité et d’augmenter par le fait même ses chances de publication.
Petit clin d’œil : derrière un texte signé par le·la porte-parole d’une organisation, il y a souvent une équipe des communications ou une agence, comme nous 😉
Comment écrire une lettre d’opinion?
Une lettre ouverte doit faire entre 500 et 700 mots environ au Québec, selon le média ciblé. Cela demande un effort de concision dans la construction d’un message d’impact. Mais notez que tout ce qui est dit en plus de 700 mots pourrait l’être aussi en 500! C’est le travail quotidien des journalistes, d’ailleurs.
Le titre
Rédigez-le en dernier, avec l’ensemble du texte sous les yeux, à moins que vous n’ayez un message percutant d’emblée. Souvent, les titres sont la façade de la maison, donnent l’argument et le ton de ce qu’on va lire. Les chefs de pupitre prennent parfois la liberté de les changer au moment de la publication.
Les signataires
Rédigez ensuite : Lettre d’opinion de… [Marlène Sasoeur, directrice générale, nom de l’organisme]
Si le nombre de signataires dépasse trois personnes, vous pouvez mettre les signataires principaux en premier et ajouter la liste à la fin de la lettre avec un astérisque. Par exemple :
Lettre ouverte de Marlène Sasoeur, directrice générale, nom de l’organisme, Blanche Neige, présidente, nom de l’organisme, Simon Tartonpion, directeur général, nom de l’organisme, et 15 autres signataires* (liste ci-dessous)
Il nous est arrivé qu’il y ait près d’un millier de signataires pour un texte. Dans ce cas-ci, la liste peut se trouver sur une page du site du client ou un document Drive et il suffit d’insérer un hyperlien dans la lettre. Attention : ne pas donner la possibilité d’éditer le document Drive, et l’offrir en lecture seulement! On ne veut pas qu’on joue dans notre liste.
Le corps du texte
Le premier paragraphe est maître: si le titre est la façade, le premier paragraphe est la porte de notre maison!
On doit y trouver le punch, donc une phrase ou deux qui attirent l’attention sur l’enjeu de manière à marquer les esprits et à susciter l’intérêt ou l’adhésion du public. Le terme vient de l’anglais «punch line», qui signifie «chute» ou «pointe». Il désigne la dernière phrase d’une blague ou d’un discours qui fait rire ou réfléchir. Mais dans ce cas-ci, on veut que ce soit dans l’amorce, et c’est ici qu’on va donner le ton de la lettre.
Ensuite on va expliquer l’enjeu. Sur sept-dix paragraphes, il est possible d’employer des faits, des statistiques, des questions au public, des réflexions de l’auteur·e. Afin de faciliter la lecture du texte, il est suggéré d’insérer un sous-titre ou deux, selon la longueur.
Une lettre d’opinion ciblera naturellement les personnes qui A : lisent les journaux; B : qui ont un intérêt sur le sujet ou se sentent interpellées par le titre; et C : qui ont un niveau de littératie assez avancé pour apprécier un texte de plus d’une page et bien écrit. C’est un peu ce qui fait la force d’une lettre ouverte, en fait : sa capacité d’exprimer élégamment, mais avec force, une opinion sur un sujet qui devrait faire partie de l’agenda public.
Le dernier paragraphe ensuite, soit la chute du texte, devrait revenir sur la revendication principale et inviter à l’action (la population, les élu·es, les entreprises, etc.). C’est ce qui va rester dans l’esprit du lecteur et de la lectrice en dernier, alors il est aussi important que le titre et l’amorce.
À la toute fin, se trouvera l’appellation «— 30 —» qui est en fait une mention traditionnellement utilisée par les journalistes en Amérique du Nord pour indiquer la fin d’une histoire. Elle se trouve plus généralement à la fin d’un communiqué de presse ou d’une lettre d’opinion.
Comment se faire publier?
Les médias écrits reçoivent une grande quantité d’opinions et doivent choisir chaque jour lesquelles mettre de l’avant sur leurs plateformes numériques et imprimées. Il n’y a donc jamais d’assurance que la vôtre soit publiée — ne croyez pas quelqu’un qui vous vend le contraire!
Cependant, on peut augmenter les chances de publication en l’envoyant à un seul média et en la lui offrant en exclusivité. Vous pouvez aussi donner une date limite pour recevoir une réponse et relancer une fois, en cas d’absence de réponse. Cela vous donnera l’occasion de rentrer en contact avec la personne responsable de la section opinion et commencer à vous «faire connaître».
Idéalement, il faudrait l’envoyer au chef de pupitre ou à l’adresse courriel générique pour la section opinion, en expliquant brièvement (un-deux paragraphes) dans le corps du courriel le thème central de la lettre et pourquoi c’est un enjeu important. Vous devrez mentionner l’exclusivité avec prière de répondre dans un certain délai (deux-trois jours).
Il n’est pas nécessaire d’envoyer une lettre trop d’avance, vous pouvez l’envoyer une semaine ou une semaine et demie au plus tôt si vous avez une date de publication fixée. Sinon, vous pouvez demander à ce que la publication soit faite dans les jours qui suivent. Notez que les journées ou les semaines d’un thème, comme par exemple la Semaine nationale de la santé mentale, est un bon moment pour demander une publication sur le même sujet.
Après la diffusion
Vous devrez attendre la diffusion de la lettre d’opinion pour la publier à votre tour sur votre site ou toute autre plateforme, d’autant plus si vous l’avez offerte en exclusivité!
Pour augmenter les chances qu’elle soit lue, vous pourriez :
- La mettre en avant sur la page d’accueil de votre site web (dans la bannière carrousel ou les dernières nouvelles) et évidemment lui consacrer une page dans votre section média, en mentionnant le nom du média dans lequel elle a été publiée.
- Sur votre page Facebook et LinkedIn, publier une captation d’écran du titre publié sur le site du média, mettre un court paragraphe d’introduction (le premier de votre lettre, par exemple) et l’hyperlien qui redirige vers votre site.
- Sur le compte Instagram : même chose, mais en invitant les gens à aller voir votre bio pour le lien (que vous allez avoir ajouté avant, bien sûr!)
- Dans votre infolettre, l’insérer à l’endroit approprié (sous «Nouvelles», ou en premier plan, cela dépend de comment est montée votre infolettre).
- Selon l’importance du sujet, vous pouvez aussi décider d’en faire l’objet d’un courriel de masse à toute votre base de données, où le titre sera le titre de la lettre et le corps du texte celui de la lettre aussi. N’oubliez pas de mentionner qu’elle a été publiée dans un média en écrivant le nom du média, et de mettre l’hyperlien vers la page de votre site.
Prêt·es à faire valoir vos idées?
La rédaction d’une lettre d’opinion est un exercice très intéressant et utile pour ordonner les idées et les revendications, bâtir un argumentaire qui pourrait passer dans le fameux elevator-pitch et renforcer votre message.
De plus, cela est souvent associé à une belle crédibilité, car elle permet de rejoindre des publics qui ne feraient peut-être pas partie de votre cible habituelle et de mettre de l’avant votre message sans aucune interférence éditoriale (comme il peut arriver avec des citations hors contexte dans des articles ou des entrevues télévisées).
Et si vous avez besoin de mettre des idées sur papier ou mettre ça dans des mains expertes : nous, ON ADORE faire ça! Vous ne savez pas combien de lettres ouvertes sortent de chez nous qui sont publiées sous le nom de quelqu’un d’autre…
Est-ce que cela nous dérange? Ben non, c’est notre métier. Et on est très investies dans les causes de nos clients! L’important, c’est qu’on en parle 🙂